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    A toi je peux tout dire
    Et il a rapproché sa chaise
    Je vais te faire une confidence :
    Parfois je suis faussement gentil
    je soigne mon apparence
    c'est de l'esbrouffe
    c'est pour en mettre plein la vue
    et continuer mes manigances
    par dessous.


    Je me suis fabriqué
    une gentillesse bonhomme
    et sympathique.


    J'ai un ami
    très riche et très bourgeois
    Lui, il s'est fabriqué une simplicité
    il fait semblant
    de se prendre pour n'importe qui
    de saluer le plus humble
    ou le plus fat
    comme s'il était son égal.
    Moi je fais semblant d'être gentil
    et tout le monde s'y trompe
    même moi parfois.

    Seulement dans le brouillard
    où je navigue
    en recherche d'absolu
    en recherche de nudité
    d'authenticité
    seulement je le sais bien
    ceux qui me tiennent à coeur
    ceux qui m'habitent
    avec eux parfois je crie
    avec eux j'ai des conflits
    je ne peux plus être gentil
    ils ne me sont pas indifférents,eux.
    Le lien qui nous lie
    est vivant et se métamorphose
    sans cesse
    et chaque jour risque de se rompre
    et chaque jour se fait plus fort.

    Je l'écoute et je me dis:

    Voilà un homme étonnamment lucide


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  • Hier , des voisins me proposent de venir avec eux écouter une conférence de Marie de Hennezel.

    J'ai lu plusieurs de ses livres, il y a quelques années. Malgré la fatigue, je me laisse tenter.

    J'ai bien envie de la voir et de l'entendre, cette personne dont je ne connais que les écrits.

    Comme je n'ai pas d'attente particulière, je  ne peux pas être déçue.

    Il y a beaucoup de monde, nous nous trouvons une place tant bien que mal.

    Elle parle lentement et chacun de ses mots est habité.

    Elle ne cherche pas à convaincre, encore moins à briller.

    Simplement, elle communique son expérience.

    Elle qui s'est beaucoup occupée de personnes âgées ou agonisantes, nous dit et c'est surtout cela que je retiens

    Etre vieux, c'est être quelqu'un vers qui on vient comme vers une source.

    Disponibilité, lenteur, bienveillance, confiance sont des contre-valeurs qu'apportent les personnes âgées.

    La vieillesse est un voyage vers l'intériorité, elle nous permet de développer la capacité d'émerveillement,la  contemplation, la présence.

    Alors, je pars en me disant : soyons heureux de vieillir....Et vous?


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  • Depuis une quinzaine de jours, nous avons un locataire.

    Certes, il est discret et ne tient guère de place

    mais quand même il ne nous a rien demandé

    et nos efforts, pour le mettre dehors,

    jusqu'alors , ont été vains...

    Ce n'est pas qu'il nous dérange

    mais on le croyait prisonnier

    à l'intérieur et on pensait l'aider

    en l'aidant à quitter les lieux...

    Mais non, mais non, il n'y tient pas...

    Il loge dans la cuisine

    et ne sort de sa cachette que lorsqu'il n'entend aucun bruit

    et il la réintègre au moindre charivari.

    vous vous demandez "qui est-ce ?"

     

     C'est un petit lézard

    On l'a cru prisonnier, on a voulu l'attraper pour le libérer

    mais il nous a échappé...

    De quoi se nourrit-il ?

    On ne sait pas...

    Dès qu'il nous entend...hop !

    il disparaît dessous le frigidaire...

    On ne peut pas trouver un locataire plus discret.


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  • Il y a des mois et des mois que je voulais aller la voir.

    C'est une ancienne collègue.

    Je sais qu'elle sera ravie de me voir mais qu'elle ne se déplacera pas elle-même pour venir jusqu'à moi.

    Donc, ce jour-là, je me décide.

    Tout d'abord, nous nous donnons des nouvelles des uns et des autres, des nouvelles de nos enfants, de nos autres anciennes collègues. Mais très vite, elle en vient à me parler de ce qui la préoccupe le plus.

    Ma soeur, me dit-elle, je ne sais pas quoi faire avec elle...Depuis qu'elle a perdu son mari, de la maladie d'Azheimer, elle sombre dans une profonde dépression....Elle est persuadée qu'elle a mal soigné son mari, qu'elle ne l'a pas fait entrer dans la maison de santé qui lui aurait convenu et que ses derniers mois sur cette terre ont été atroces et que c'est elle qui en est la cause parce qu'elle n'a pas su prendre les bonnes décisions. Et comme ce n'est pas vraiment elle qui a pris la décision , c'est son autre soeur  qui habite près de chez elle  et qui, voyant qu'elle n'arrivait pas à choisir un établissement ou un autre, c'est elle qui a dicté son choix...de sorte que, non seulement elle s'en veut à elle-même mais elle en veut aussi à sa soeur qui fait tout ce qu'elle peut pour l'aider mais n'y parvient point...Et ses enfants sont tout aussi impuissants à la sortir de ce cercle infernal.

    Elle est elle-même partie, ces jours-ci, dans une clinique spécialisée...Ses proches vont respirer un peu peut-être, reprendre des forces pour son retour... Je l'espère mais je sens ma collègue bien préoccupée et même angoissée....

    Reviens en début d'après-midi, on aura ainsi plus de temps pour bavarder, me dit-elle au moment où je m'en vais.  Je ne peux que l'écouter mais c'est moins que rien. Je reviendrai.

     


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  • Je  fais du rangement.

    Dans un tas de revues que je n'ai pas consultées depuis des années, je découvre un texte écrit  après une rencontre.

    J'avais complètement oublié  et puis, au fur et à mesure que je lis, tout me revient en mémoire : la surprise d'abord, puis la joie de rencontrer quelqu'un avec qui l'échange se fait aussi aisément...

    Ce moment là est loin, quinze ou vingt ans,et pourtant si proche.

     

    j'attendais, le nez en l'air, devant les marches du Théâtre de la ville, un soir de juillet.

    un concert gratuit d'un chanteur pour moi inconnu allait commencer et j'avais l'esprit à la découverte.

    Je me demandais pourquoi l'heure n'était pas tout à fait respectée.

    D'autres personnes attendaient, les uns assis sur les marches, les autres debout, les uns bavardant avec leurs voisins, les autres solitaires et muets...J'en remarquais un, pas comme les autres, d'abord parce qu'il était en vélo, avec ses bagages dans les sacoches...Sans doute n'était-il pas là pour le spectacle? me dis-je....Mais alors pourquoi attend-il?

    Mais voilà que ce jeune homme me demande l'heure, puis il me demande si je connais le chanteur qui doit venir ce soir. Et d'une question à une autre, nous voilà en grande conversation, le temps s'est accéléré d'un coup.

    Il m'explique qu'il est parti de chez lui, dans le Nord, depuis un mois mais qu'il va s'arrêter dans la région car ila un travail pour l'été...Il est passé dans la ville, il a vu l'affiche du spectacle, il a eu envie de s'arrêter, il espère seulement qu'on lui laissera rentrer son vélo pour qu'il soit en sécurité avec ses bagages.

    On nous fait signe de rentrer, le spectacle précédent est terminé...Place au suivant.

    On lui montre un endroit où il peut déposer son vélo...Je le vois un peu plus tard, dans la salle, quelques rangées devant moi...toujours affable et souriant...Il échange quelques mots avec la personne qui est derrière lui, puis avec sa voisine de droite, puis avec une autre...Pour quelqu'un qui est de passage et ne connaît personne dans al ville, vraiment, il m'étonne...Et je l'envie pour cette aisance admirable dans la relation, pour cette sagesse en lui qui lui a permis de comprendre que l'essentiel est dans les liens, durables ou éphémères quenous tissons avec les autres;

    Pour moi, il fut comme un rayon de soleil...

    Comme la vie serait plus simple et joyeuse si'ils étaient plus nombreux comme lui...Ce serait contagieux.

     


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